Les Sources

Des livres

Source rafraîchissante ou nourriture essentielle, les livres accompagnent nos moments de détente ou de réflexion. Ils nous ouvrent des fenêtres sur l’ailleurs et sont un lien inestimable pour la communauté humaine. Certains nous sont agréables, d’autres indispensables.

La grand-mère de Jade de Frédérique DEGHELT (2009)
Un livre riche se cache sous l’aspect insignifiant du roman : une réflexion vécue sur l’amour, la filiation, le jardin secret que chacun porte en soi, l’âge et comment la société le dévoie, la possible communication de l’essentiel entre générations à travers le quotidien.
Epurer, simplifier et partager sont quelques ingrédients qui mènent au bonheur.

Les brumes de l’apparence de Frédérique DEGHELT (2014)
Même idée cinq ans plus tard de romancer les expériences spirituelles d’une vie, de celles qui vous perturbent, vous font travailler sur votre vie, ce que l’on vous a transmis et vos convictions et qui, par l’alchimie de la curiosité, de l’expérience et du lâcher-prise, vous propulsent sur le chemin de la joie.

Le problème Spinoza de Irvin YALOM (2012)
Un parallèle ébouriffant entre les XVIIe et XXe siècles qui permet de parcourir deux destins opposés et étonnamment liés. Une manière homéopathique de découvrir Spinoza qui donne envie d’en savoir plus.

Le cœur cousu de Carole MARTINEZ 
Ce récit est très proche de ceux des écrivains sud-américains par sa dimension onirique et folklorique.
Il parle superbement de la vie, faite de douleur et de beauté et du rôle des femmes dans la famille et la société. Le poids de l’héritage, de l’éducation et de la tradition semble parfois une malédiction alors qu’il devrait toujours être ce qui nous permet, un jour, d’être pleinement nous-même et de cultiver notre talent.
Un beau livre de femme, cousu à petits points bien serrés et brodé de rêves magnifiques.

Imparfaits, libres et heureux de Christophe ANDRE
Le sous-titre en est « pratiques de l’estime de soi ». Clair, chaleureux et sans prétention, l’auteur nous promène dans cette part de nous qui, sous prétexte de vouloir mieux, nous transforme en tyran intime. Parlerions-nous à nos meilleurs amis comme nous nous adressons à nous-même ? Non, bien sûr ! Christophe André nous rappelle les bienfaits de la bienveillance et de la méditation sur l’instant. Il nous parle du bonheur d’exister, d’être actif et de communiquer. C’est un livre salutaire et humble, à relire aussi souvent que le dictateur, en nous, reprend du poil de la bête…

Edgar Allan Poe de Isabelle VIEVILLE-DEGEORGES
Puissant, prenant et brillant, ce beau livre raconte comment le destin aveugle broie un génie fragile en qui pleure un enfant terrifié. Toute la folie de Poe dans une démonstration magistrale qui a quelque chose d’une possession.

Le tumulte des flots de MISHIMA
Romance adolescente sur l’île japonaise de Utajima qui vit essentiellement de pêche et de traditions. Un hymne au courage quotidien, à la force que l’on retire de l’harmonie avec la nature, à ce que l’humain a de meilleur.

Le testament français de Andreï MAKINE
Superbe roman sur la fascination des origines et la valeur de la culture française à l’étranger au début du XXe siècle. En filigrane, on devine comment se crée la complexité et la créativité d’un homme à partir de ses années d’enfance et d’adolescence. Un régal que ce personnage de la grand-mère Charlotte qui pour être belle sur les photos dit « petite pomme » et cette écriture élégante, puissante et sauvage qui est la marque d’Andreï Makine.

Eloge de l’optimisme de Philippe GABILLIET
Indispensable livre de chevet pour tous afin de résister à la morosité ambiante. Oui, l’optimisme fait du bien à ceux qui le pratiquent et à leur entourage. oui, il est créateur de valeur ajoutée dans la vie quotidienne, familiale, sociale et personnelle. Non, il ne vaut mieux pas être un optimiste béat et bêta. Un livre à s’offrir et à offrir comme un bouquet de sourires, une brassée douce et tonique.

Le voyage de Baldassare de Amin Alouf
La fin du monde annoncée dans un empire ottoman en voie de décadence. En l’an 1666, ceux qui croient aux prophéties, ceux qui doutent, ceux qui cherchent et ceux qui vivent chaque instant comme s’il devait être le dernier. Un air de déjà vu dans notre tout nouveau XXIe siècle !

A suivre…

Des hommes

Contemporains ou passagers de l’Histoire, hommes et femmes de talent nous laissent la jouissance du travail de toute leur vie, à charge à nous d’y trouver matière à grandir, à évoluer, à résister ou à créer, bref, à vivre mieux.

PARACELSE 1493-1541
Son nom sent le soufre et pourtant cet homme-là aura toute son existence été au plus haut de lui-même.
« Trop connu, mais méconnu tout à la fois ! C’est bien cela Paracelse. », précise un homme qui lui consacra une grande partie de sa vie. Lucien BRAUN, historien de la philosophie, professeur émérite à l’Université de Strasbourg, a écrit un ouvrage ciselé, authentique, nourri de son expérience et d’années de travail sur les textes originaux de Paracelse. Médecin, sans concessions pour l’élite de son époque, observateur perfectionniste, nomade et pauvre, ce dernier ne se reconnait d’autre maître que la Nature. Son œuvre est intuitive, créative et novatrice. Il enseignera la médecine, et écrira, en allemand au lieu du latin. Il s’intéressera aux inégalités sociales et envisagera des solutions concrètes et la société lui reprochera son indépendance et sa clairvoyance. Il ne se laissera jamais enfermer dans des castes et défiera toutes les tentatives de réduction de son œuvre bouillonnante et originale, d’une force indéniable hors des sentiers battus et qui, aujourd’hui encore et pour longtemps, interpelle ceux qui s’y penchent.

Vincent DE PAUL 1581-1660
Image surannée et intemporelle du catéchisme de notre enfance, Vincent de Paul, l’homme, s’est longtemps effacé derrière l’image du saint prenant en charge toute la misère du monde.
Toute la saveur de la longue existence de monsieur Vincent tient dans un balancement, une dualité parfois brûlante entre une nature humaine puissante, généreuse et créative et un projet de vie au service de « l’exquise providence de Dieu » marqué par le dépouillement.
Certes, il dormait sur une paillasse, se nourrissait peu, mais il conçut et développa des entreprises considérables tant d’un point de vue humain que pécuniaire. Gestionnaire avisé, il se faisait assister d’avocats et de conseillers financiers.
S’il se penchait sur les galériens croupissant dans les geôles de la Conciergerie, il assista aussi Louis XIII sur son lit de mort.
Il prônait l’obéissance et l’humilité, mais personne ne pût jamais lui imposer un projet qui ne lui convenait pas…
Cette vie d’homme entreprenant, étonnamment moderne et souvent visionnaire fascine par son intensité.
Enfant et jeune homme surdoué et plein d’ambition, son tempérament vif, volontaire et aventureux, son esprit d’observation et cette intelligence à la fois sensible et pratique qui sera son viatique, furent vite remarqués. Son père choisit pour lui la voie ecclésiastique. Son charme et son charisme le conduisirent des cieux étoilés de ses landes natales aux ors parisiens de la Cour.
Sa liberté d’action et de parole tant auprès des grands que des pauvres est sous-tendue par une infinie compassion pour l’être humain. Chaque rencontre fut pour lui une chance d’approfondir le dessein de Dieu et de servir mieux.
Oblitéré par le zèle lénifiant de certains de ses biographes, cet homme magnifique et plein d’humour à la simplicité roborative nous surprend par sa proximité avec certaines grandes figures contemporaines de l’action humanitaire et de la lutte contre l’extrême pauvreté et l’exclusion.
Monsieur Vincent témoigne encore, trois siècles après, de l’indispensable cheminement vers «le respect et la douceur ».

Albert SCHWEITZER 1875-1965
Encore un homme magnifique dont l’image la plus répandue, le médecin de Lambaréné, cache une personnalité hors du commun et une intelligence s’exerçant dans des domaines très divers : philosophe, théologien et musicien, il fut aussi spécialiste de Bach et des orgues anciennes avant de faire médecine à 30 ans par altruisme et de se spécialiser dans la médecine de brousse. Grand penseur d’une éthique de la responsabilité, il développe le concept du « respect de la vie » qui englobe les notions actuelles de droits de l’homme et de l’enfant, des animaux, et l’écologie dans son sens le plus noble. Il fut un fervent pourfendeur du nucléaire, mais malgré son prix Nobel de la Paix, sa voix ne fut pas assez entendue. Il est urgent de redécouvrir ses écrits. Alsacien parlant couramment le français et l’allemand, fervent admirateur de Goethe, il écrit un français élégant et efficace qui porte haut ses convictions. Albert Schweitzer a beaucoup en commun avec Vincent de Paul, entre autre le fait que leur vie et leur œuvre résonne aujourd’hui avec une modernité qui ne se dément pas.

Carl Gustav JUNG 1875-1961
Honni de la plupart des psychanalystes freudiens et lacaniens, Carl Gustav Jung est un humain qui assume sa complexité et sa subjectivité, et qui, en plus de sa formation scientifique, se passionne pour les sciences humaines, l’Art et la spiritualité au-delà des religions. La richesse de ses perceptions et de ses intuitions, son immense culture et sa capacité à transmettre donnent à ses écrits la dimension d’une base de données pour ses semblables, universelle et atemporelle, non pas dogmatique mais ouverte à la réflexion, à l’analyse et à l’expérimentation. Comme Schweitzer, le savoir est la base de son travail et de ses recherches et l’intuition ajoutée à un formidable esprit de synthèse en fait des créatifs quelque peu en avance sur leur époque et des passeurs de joie.