A dormir debout !

C’est peu de dire que notre époque est adepte du politiquement correct et du comportement moutonnier. Tout le système commercial vise à nous mettre dans des cases, nous incite à y rester et nous presse de réagir aux sollicitations ou évènements : qu’il s’agisse d’actualité, de droits de l’homme, d’attentats, de mode, de chansons ou de gastronomie, il s’agit toujours d’être dans le coup et de connaître le chef, la vedette ou le jeune talent en vogue et d’être indigné ou généreux au bon moment.
Si compter les moutons endort, l’époque, coachée à ne plus savoir où donner de la tête pour éviter de réfléchir, en est réduite à la dépression mélancolique.
L’esprit de supermarché envahit tout : ce système vous permet de gagner du temps au quotidien en réunissant à un même endroit tout ce dont vous pouvez avoir envie ou besoin.
En réalité, si c’est au détriment de la qualité et de la diversité de ce que vous consommez, que ferez-vous  du temps gagné ?
Revenons à nos moutons… le centre agriculturel vient de voir le jour.
Vous pourrez désormais découvrir la nature dans un lieu créé par les édiles où seront réunis plantes, prés, potager, arbres fruitiers et animaux de la ferme. Vous pourrez en une seule fois tout voir et tout savoir de Dame Nature.
Las, du latin natura ce qui est en train de naître, elle est multiple, imprévisible, indomptable et fascinante…
Le métier d’agriculteur puisait dans cette diversité et cette sauvagerie sa noblesse, sa sagesse et son intérêt.
Qu’apprendrons nos enfants et petits-enfants de cette nature factice ?
Ces lieux sont conçus pour simplifier le travail des enseignants, ou des parents, avec un fermier, rattaché à ce centre par un contrat qui fera de lui un quasi fonctionnaire, pendant que nos légumes pousseront hors-sol.
Les Etats-Unis, lassés du système des centres commerciaux, réinventent les petits commerces en centre-ville. Ne serait-il pas temps d’apprécier ce que nous avons et d’en tirer un parti intelligent en remettant l’humain là où nous souhaitons trouver transmission, réflexion et plaisir ?
A contre-courant du troupeau, je prône et pratique la petite résistance quotidienne, qu’il s’agisse de manger bio, de faire mes courses chez un petit commerçant ou d’aller voir les vaches, ou les moutons, où ils sont, dans la nature qui, même à l’échelle de mon jardin, est une source d’émerveillements essentiels et de contemplation roborative.

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